C'EST L'EXTASE | È L'ESTASI |
C'est l'extase langoureuse, C'est la fatigue amoureuse, C'est tous les frissons des bois Parmi l'étreinte des brises, C'est, vers les ramures grises, Le choeur des petites voix. ô le frêle et frais murmure! Cela gazouille et susurre, Cela ressemble au cri doux Que l'herbe agitée expire... Tu dirais, sous l'eau qui vire, Le roulis sourd des cailloux. Cette âme qui se lamente En cette plainte dormante, C'est la nôtre, n'est-ce-pas? La mienne, dis, et la tienne, Dont s'exhale l'humble antienne Par ce tiède soir, tout bas? |
È l'estasi languida, la sfinitezza amorosa, tutti i fruscii dei boschi nell'abbraccio delle brezze, è, verso le ramature grigie, il coro delle piccole voci. O quale fragile e fresco mormorio! cinguettii e sussurri assomigliano al grido soave che l'erba agitata spira... Diresti, sotto l'acqua che vira, il sordo rollar dei sassi. Quest'anima che geme in questo lamento silente, è la nostra, non è vero? La mia, dì, e la tua, la cui umile canzone s'effonde sommessa in questa tiepida sera? |
IL PLEURE DANS MON COEUR | PIANGE IL MIO CUORE |
Il pleure dans mon coeur Comme il pleut dans la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur? O bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un coeur qui s'ennuie, ô le chant de la pluie! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi! nulle trahison? Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi, Sans amour et sans haine, Mon coeur a tant de peine. |
Piange il mio cuore come piove sulla città, Che è mai questo languore Che mi pervade il cuore? O dolce rumore della pioggia per terra e sui tetti! Per un cuore che sì annoia, oh, il canto della pioggia! Piange senza ragione in questo cuore nauseato. Che! Nessun tradimento? Questo lutto è senza ragione. È davvero la peggior pena il non saper perché, senz'odio e senz'amore, il mio cuore prova tanta pena. |
L'OMBRE DES ARBRES | L'OMBRA DEGLI ALBERI |
L'ombre des arbres dans la rivière
embrumée Meurt comme de la fumée, Tandis qu'en l'air, parmi les ramures réelles, Se plaignent les tourterelles. Combien, ô voyager, ce paysage blême Te mira blême toi-même, Et que tristes pleuraient dans les hautes feuillées Tes espérances noyées! |
L'ombra degli alberi nel fiume brumoso come fumo dilegua, E intanto nell'aria, tra i rami veri, gemono le tortore. Quanto, o viandante, questo livido paesaggio livido ti ha specchiato, e come tristi piangevano nell'alto fogliame le tue speranze perdute! |
CHEVAUX DE BOIS | CAVALLI DI LEGNO |
Tournez, tournez, bons chevaux de bois, Tournez cent tours, tournez mille tours, Tournez souvent et tournez toujours, Tournez, tournez au son des hautbois. L'enfant tout rouge et la mère blanche, Le gars en noir et la fille en rose, L'une à la chose et l'autre à la pose, Chacun se paie un sou de dimanche. Tournez, tournez, chevaux de leur coeur, Tandis qu'autour de tous vos tournois Clignote l'oeil du filou sournois, Tournez au son du piston vainqueur! C'est étonnant comme ça vous soûle D'aller ainsi dans ce cirque bête! Bien dans le ventre et mal dans la tête, Du mal en masse et du bien en foule. Tournez, dadas, sans qu'il soit besoin D'user jamais de nuls éperons, Pour commander à vos galops ronds, Tournez, tournez, sans espoir de foin. Et dépêchez, chevaux de leur âme: Déjà, voici que sonne à la soupe La nuit qui tombe et chasse la troupe De gais buveurs que leur soif affame! Tournez, tournez! Le ciel en velours D'astres en or se vêt lentement. L'église tinte un glas tristement. Tournez au son joyeux des tambours! |
Girate, girate, bravi cavalli di legno, girate cento volte, mille volte girate, girate sovente e girate senza fine, girate, girate al suono degli oboi. Rosso il bambino e la madre bianca, il giovane in nero e la fanciulla in rosa, l'una tutta smaniosa e l'altro tutta posa, Ognuno si offre un soldo di domenica. Girate, girate, cavalli del loro cuore, mentre intorno ai vostri tornei balena l'occhio del furfante sornione, girate al suono della cornetta vittoriosa! È sorprendente come vi inebria l'andare così in questa stupida giostra! Bene nel ventre e male nella testa, male in quantità e bene in massa. Girate, cavalli, senza bisogno di servirvi mai degli speroni per comandar le vostre galoppate in cerchio girate, girate, senza sperare un po' di fieno. E fate presto cavalli della loro anima: Ecco che già la notte cadente suona l'ora della cena e caccia via la frotta di allegri bevitori che la sete affama! Girate, girate! il ciclo di velluto d'astri d'oro si veste lentamente. La chiesa suona un mesto rintocco. Girate al suono festoso dei tamburi! |
AQUARELLES I - GREEN | ACQUERELLI I - VERDE |
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des
branches, Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches, Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux. J'arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée, Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein, laissez rouler ma tête Toute sonore encore de vos derniers baisers; Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête, Et que je dorme un peu puisque vous reposez. |
Ecco frutti, fiori, foglie e rami, ed ecco il mio cuore che batte solo per voi. Non straziatelo con le vostre bianche mani, e ai vostri vaghi occhi l'umile dono sia grato. Vengo a voi ancor tutto coperto di rugiada che il vento del mattino già mi gela la fronte. Permettete che la mia spossatezza riposi ai vostri piedi e sogni quei cari istanti che la placheranno. Sul vostro giovane seno lasciatemi abbandonare il capo tutto sonoro ancora dei vostri ultimi baci; lasciate che si acquieti della buona tempesta, e che io dorma un poco dacché voi riposate. |
AQUARELLES II - SPLEEN | ACQUERELLI II - SPLEEN |
Les rosés étaient toutes rouges, Et les lierres étaient tout noirs. Chère, pour peu que tu te bouges, Renaissent tous mes désespoirs. Le ciel était trop bleu, trop tendre, La mer trop verte et l'air trop doux. Je crains toujours, - ce qu'est d'attendre! - Quelque fuite atroce de vous. Du houx à la feuille vernie Et du luisant buis je suis las, Et de la campagne infinie Et de tout, fors de vous, hélas! |
Le rose erano tutte rosse, e l'edera tutta nera. Cara, non appena ti muovi, rinascono tutte le mie angosce. Il cielo era troppo azzurro, troppo tenero, Il mare troppo verde e l'aria troppo mite. Temo sempre, - che vuol dire aspettarselo! - una tua fuga atroce. Dell'agrifoglio dalla foglia splendente sono stanco, e del lucido bosso. e della campagna sconfinata e di tutto, ma non di voi, ahimè! |
(Traduzioni di A. Martinelli) |